Edito du 31 Mars 2023

L’Etat Russe semble vouloir reprendre le contrôle de ses flux d’exportation de céréales. Même s’il est légitime de vouloir assurer une réserve stratégique minimum en grains, puis un seuil de prix d’intervention en cas d’effondrement des marchés, c’est finalement la mise en œuvre d’une arme économique stratégique autour des exportations de blé. Deux axes se dessinent dans cette transformation. Le premier porte sur la prise de contrôle total du marché intérieur russe, comme en attestent les récentes annonces de cessions d’actifs en Russie de plusieurs multinationales occidentales. Ce sont des entreprises russes contrôlées par l’Etat qui devraient reprendre l’ensemble des activités de logistique, stockage et de fobing. Ce serait un retour en arrière de trente ans ! Le deuxième axe consiste à développer une forme de commerce alternatif à la domination occidentale, avec, en toile de fond, la volonté partagée des Chinois de « dédollariser » les échanges. Dans ce cadre, la Russie travaille sur le déploiement de trois grands accords. Le premier avec la Chine a pour objectif la construction d’axes logistiques terrestres. Le deuxième avec l’Iran afin d’ouvrir un axe logistique maritime vers l’océan indien et l’Asie. Enfin, le troisième avec la Turquie, vise à approvisionner le Proche-Orient. Les changements géopolitiques pourraient donc s’accélérer. Dans ce cas, la Russie chercherait peut être à se soustraire à l’accord sur le corridor ukrainien. La voie choisie par la Russie va inévitablement entrainer plus d’opacité des marchés. Souhaitons qu’elle ne conduise pas à l’effondrement des productions dont le reste du monde à tant besoin.