L’agriculture européenne vit l’un de ces moments rares, où les producteurs de tous les grands pays agricoles d’Europe sortent au même moment dans la rue, dénoncent les mêmes problèmes, réclament les mêmes solutions. N’auraient-ils pas, eux, légitimité à construire la stratégie agricole de l’Europe, alors que les responsables politiques ont failli depuis trente ans ? Depuis les accords du GATT en 1994 (Aujourd’hui OMC) et le traité de Maastricht en 1993 (Création de l’UE), la politique agricole se résume à la gestion d’un budget d’aides à distribuer directement aux agriculteurs, sous condition de respect de critères environnementaux grandissants. La production et l’indépendance alimentaire avaient disparu des objectifs. L’OMC a permis la multiplication des accords de libre-échange qui ont été autant de portes ouvertes à la concurrence directe des marchés mondiaux. L’UE a renforcé les pouvoirs du Parlement Européen et de son exécutif qu’est la Commission Européenne. Ce sont dans ces instances que la bureaucratie normative et écologiste a prospéré. Depuis trente ans, nous laissons agir un processus redoutable de délocalisation de la production dans tous les secteurs, sans avoir aucune stratégie politique de long terme. La « pilule » est encore plus douloureuse pour les français, parce qu’ils doivent assumer le financement d’un Etat qui « crame » 58.3 % de son PIB (en 2022). Autrement dit, les Français sont exclus de la course à la compétitivité, y compris à l’intérieur de l’UE, à moins d’être puissamment subventionnés. Certains trouveront cette analyse trop simpliste, ils invoqueront sans doute – le rôle de la GMS – les marges des industriels – le réchauffement climatique - etc… Mais n’est-ce pas là des « terrains de diversions » permettant aux responsables politiques de masquer leur culpabilité et les immenses carences dans les politiques économiques de l’UE ?