Edito du 26 Février 2024

L’Ukraine vit une période extrêmement difficile. La guerre contre l’envahisseur russe est très coûteuse et les moyens pour la poursuivre sont devenus incertains. L’Ukraine est maintenant pointée du doigt comme l’une des causes majeures de perturbation des marchés agricoles européens. Certes, la Commission Européenne n’a absolument pas chiffré les conséquences de sa décision de supprimer les droits d’entrée dans l’UE, mais peut-on maintenant revenir en arrière, sans que ce soit vécu par l’Ukraine comme une véritable sanction, allant, de surcroît, abonder l’argumentation de Poutine ? Si l’UE est juridiquement libre de remettre en place les droits de douanes sur les produits transformés (poulet, œuf, viandes, …), en revanche, elle ne peut rien changer sur les céréales fourragères (blé fourrager, maïs, orge, …) et les oléagineux. En effet, il s’agit de matières premières agricoles dont le commerce est régi par un accord UE / OMC de longue date. Le remettre en cause déclencherait un arbitrage OMC à la première demande de l’Ukraine. Aussi, il convient d’être lucide sur le sujet des prix des céréales. La cause de la déprime des cours n’est pas tant le fait de l’Ukraine que celui de la Russie. La Russie a expulsé toutes les multinationales de son territoire, elles étaient les seules en mesure d’opérer la fonction de lissage des cours entre continents et pays exportateurs. Maintenant sortie du marché global, la Russie a fait des céréales une arme politique pour acheter les amitiés des principaux pays importateurs et faire perdre des parts de marché à l’occident...