Edito du 21 Juillet 2023

Après l’attaque du pont de Kertch en Crimée, les russes ont aussitôt déclaré l’arrêt du corridor et lancé de violentes attaques sur Odessa. Les installations portuaires des trois ports agréés par le corridor (Odessa, Tchornomorsk, Pivdennyi) ont été bombardées et mises partiellement hors d’usage. Les russes s’attaquent ainsi aux revenus céréaliers des ukrainiens. En déclarant considérer tout navire se dirigeant vers les ports libres d’Ukraine comme cible militaire, ils tuent toute possibilité de recréer un corridor maritime et inquiètent le fret maritime en Mer Noire, d’autant que les ukrainiens ont proféré des menaces similaires pour le trafic à destination des ports russes. Cette escalade des risques maritimes suscite l’envolée des primes d’assurances, voire le retrait des assureurs et, in fine, le reroutage des navires. Cette situation pourrait in fine devenir explosive pour le marché mondial du blé si les exportations de blé russe, qui représentent 25% des échanges mondiaux, étaient menacées. Mais la Russie n’a aucun intérêt à favoriser ce risque. Elle y perdrait d’énormes revenus céréaliers et surtout, le soutien politique de bon nombre de pays dit « amis » importateurs de céréales. Le retour à la négociation de la Russie est donc une nécessité pour pérenniser le trafic maritime. C’est ce que la Turquie s’emploie à faire, sachant qu’elle détient un pouvoir fort en contrôlant les entrées et sorties de la Mer Noire avec le Bosphore. Le plus grand risque pour les marchés réside dans le temps qu’il va falloir pour trouver une solution et la mettre en œuvre pour l’ensemble du trafic sur la Mer Noire. Quelle que soit la solution, l’Ukraine ne pourra pas en bénéficier, si ses installations portuaires sont détruites. Il revient donc à l’Europe de proposer des solutions logistiques terrestres ou fluviales afin de sortir les céréales d’Ukraine.