L’Allemagne remet sur le devant de l’actualité la question des biocarburants produits à partir de matières premières alimentaires. La composante écologiste de la coalition gouvernementale souhaite limiter ces utilisations de produits alimentaires, avec l’objectif de les interdire à compter de 2030. Le principal produit concerné est le colza, puisqu’environ les deux tiers de la production d’huile de colza est transformée en biodiésel. La concurrence entre les débouchés énergétiques et alimentaires est une réalité pleinement voulue. En effet, les biocarburants ont été initialement développés pour réduire les excédents de stock de céréales dans les année 1990. C’était un moyen de soutenir les cours. Le développement fulgurant du biodiésel en Europe, Asie, USA et Amérique du Sud, puis de l’éthanol aux USA a permis un équilibre des marchés et un niveau de rémunération satisfaisant pour les producteurs. Réduire les débouchés biocarburants pourrait être catastrophique pour les producteurs de céréales et d’oléagineux. On assisterait au retour des excédents de stocks et à la chute des prix. C’est pourtant bien le risque suscité par les politiques de décarbonation à moyen terme. Elles poussent le développement de la voiture électrique ou hydrogène, et conduisent inéluctablement à l’effondrement du besoin de diésel et d’essence. Une réflexion stratégique s’impose donc à l’industrie des biocarburants, indépendamment des intentions politiques du gouvernement allemand.