Edito du 17 mai 2013

L’approvisionnement en protéines de l’UE n’a jamais été aussi tendu depuis 1973 (embargo soja US). Les stocks portuaires en tourteau de soja n’existent plus et le rythme des arrivées de navires est à peine suffisant pour les besoins quotidiens des aliments pour animaux. Les prix chers du soja servent d’alibi aux usines européennes de trituration pour élever le prix des tourteaux de colza et de tournesol. L’élevage est le seul secteur à payer le prix de cette situation alors qu’il traverse déjà une forte crise de compétitivité (porc, poulet, lait, œuf …). Paradoxalement, nous n’avons jamais eu autant de graines et de tourteaux de soja dans le monde, avec toutefois une particularité : l’offre est très concentrée en Amérique du Sud. L’inefficacité de la chaine logistique du Brésil est la justification faite aux européens. Pourtant, jamais le Brésil n’a chargé autant de marchandises sur ses ports, jusqu’à 10 Mt par mois dont l’essentiel est de la graine et très peu de tourteaux. Pourquoi un tel déséquilibre ? Qui décide cet arbitrage ? Certains répondent que ce sont les Chinois et leur forte demande en graine. D’autres font le constat que la grande majorité des négociants importateurs sont aussi les propriétaires des usines de trituration en UE. Les grands gagnants sont les vendeurs de tourteaux et les éleveurs brésiliens. Alors faudrait-il que l’élevage UE se ré intéresse à la logistique ?