Naïveté économique ou stratégie diabolique ? Cela pourrait être le titre d’un livre tant il y aurait à dire sur la méconnaissance du fonctionnement de l’économie des dirigeants politiques. Plus spécifiquement, le sujet de la décarbonation en agriculture est conduit avec une telle malhonnêteté intellectuelle qu’il en est révoltant. L’Europe a fixé un objectif de -55% de GES (Gaz à Effet de Serre) d’ici 2030. L’agriculture est le deuxième émetteur avec 20.6 % après le transport (29%) et devant l’industrie (19%). La mise en œuvre de la directive européenne en France se traduit par la loi de planification écologique qui impose comptabilité et réduction d’émission de GES pour les productions agricoles. Elle va générer de nouvelles contraintes, comme la suppression d’un certain nombre d’intrants, ou le changement de processus en vue de désintensifier les productions. Des changements qui conduiront inéluctablement à la hausse des prix de revient des productions, particulièrement dans les filières animales. La décarbonation va être un véritable carburant pour le processus de délocalisation des productions animales françaises. D’autant plus que les « experts » ont pris soin de bien comptabiliser les valeurs GES des matières premières importées, comme le soja, sans qu’à aucun moment les valeurs GES des animaux importés ne soient prises en compte dans la loi française. Autrement dit, la façon la plus efficace de réduire les émissions GES, c’est de cesser de produire en France et de tout importer car, bien sûr, les GES ne franchissent pas la frontière !