Rares sont les secteurs aussi transparents et autant débattus que l’agriculture et l’agroalimentaire. Le « comment produire » est constamment soumis au débat public et souvent arbitré par une majorité de personnes non issues du monde agricole, qui sont fonctionnaires ou membres d’ONG et qui souvent, constituent des minorités sociologiques agissantes. Les processus de négociations commerciales, de calculs de coûts de production, de construction de prix de vente, de contractualisation sont pratiquement rendus publics par les obligations de la loi Egalim. Depuis plus de vingt ans, l’agriculture française a tout partagé avec la société. Elle l’a écouté, a pris en compte ses demandes pour adapter sa production. On lui a demandé de produire plus d’aliments bio, mais il n’y a pas eu plus d’acheteurs, alors les prix se sont effondrés. On lui a demandé d’arrêter de produire des aliments de « mal bouffe » pour produire du haut de gamme, mais les consommateurs ne les achètent pas par manque de pouvoir d’achat. Alors, les produits d’importation à bas coûts envahissent les rayons des supermarchés. Ainsi, l’agriculture française essuie des échecs cruels qu’elle doit analyser. N’est-elle pas trop à l’écoute de la suggestion politique et sociétale et pas assez dans la maîtrise et la défense de ses facteurs économiques ?