Edito du 03 Octobre 2022

L’annexion par la Russie (non reconnue) de quatre régions ukrainiennes signifie probablement un enracinement profond du conflit au cœur du plus grand bassin producteur et exportateur de blé au monde. Cela risque d’entretenir la cherté des prix sur une période plus longue que nous l’imaginions au début de cette guerre. La mobilisation de la main d’œuvre sur le champ de bataille ne va pas permettre l’entière réalisation des semis de blé d’hiver en Ukraine et peut-être en Russie. Les pertes de surface avoisineraient les 20%. Une fois les baisses de semis constatées, le marché pourra estimer l’impact sur la production 2023. Certes, on va conserver l’espoir d’un rattrapage au moment des semis de printemps, mais il sera très incertain si la guerre continue. Le printemps sera le temps d’une grande interrogation sur la fertilisation avec des prix mondiaux d’engrais élevés. Tous ces éléments vont nourrir les prospectives sur les prochains mois, dont les résultats pourront difficilement annoncer l’augmentation des récoltes. Sachant le contexte particulièrement bas des stocks toutes céréales confondues chez les grands exportateurs, on peut déjà imaginer des tensions encore plus fortes sur les bilans offre/demande en 2023/2024. A défaut de pouvoir cesser cette guerre rapidement, le monde pourrait être contraint de réduire nettement sa consommation alimentaire en 2023.