Edito du 02 Avril 2024

En juin 2023, l’UE a voté le règlement 2023-1115 interdisant l’importation de matières premières agricoles en provenance de terres déforestées depuis 2020. Le soja en provenance du Brésil est principalement visé. De fait, ce règlement oblige la maîtrise intégrale de la traçabilité jusqu’à la parcelle de production. L’importateur aura la charge d’apporter la preuve que le tourteau de soja vendu en UE n’a pas pour origine une parcelle déforestée depuis 2020. On peut imaginer la complexité pour remonter la chaine tourteau/ navire /port de chargement /usine de trituration /graine /silo /parcelle … A défaut de preuves, l’importateur encours de très lourdes amendes. Face au manque de précision sur les sanctions et la complexité de mise en œuvre des moyens qu’exige ce règlement, les importateurs ont bloqué les ventes de tourteau de soja à partir de janvier-25. Le sujet commence à monter en pression à Bruxelles et vingt pays sur les vingt-sept de l’UE demandent le report d’application, voire une révision, seulement neuf mois après l’avoir voté. Bien entendu, aucun décideur n’a cru utile de demander au préalable une étude d’impact. Le responsable politique agit d’abord pour sa « part de marché ». Il est plus payant de surfer sur la vague anti-déforestation pour s’attirer les votes « écolo ». D’autres, ONG, voire syndicats agricoles, y voient le moyen de concourir à la décroissance ou simplement la mise en oeuvre d’une nouvelle barrière à l’importation. Dans cette affaire, c’est encore l’élevage européen et surtout français qui est en danger.