L’Europe enregistre une belle progression de ses exportations de blé depuis début juillet, en hausse de près de 40% sur le niveau de l’an passé. Cette performance est appelée à se poursuivre compte tenu des engagements importants pris par les exportateurs jusqu’à la fin de l’année. C’est bien sûr les blocages des chargements en Ukraine, puis en Russie, qui obligent le commerce international à sourcer ses besoins là où il n’y a pas de risque de guerre. L’accélération des exportations européennes sur la première partie de campagne nous conduit droit vers un double danger. Le premier concerne le marché intérieur de l’UE dont les prix pourraient rester sous forte tension et, ainsi, pénaliser les industries de transformation. Nous aurions d’abord l’effet de la forte demande export, puis, en deuxième partie de campagne, nous subirions l’effet d’une ressource insuffisante avec un risque de stock fin de campagne beaucoup trop bas. Le deuxième danger réside dans le pouvoir que la Russie pourra détenir sur les marchés céréaliers sur la seconde partie de campagne. A vider le grenier européen (mais aussi US) trop vite, la Russie aura, de fait, la main sur la grande majorité des disponibilités exportables dès le mois de janvier prochain. Elle aura, alors, un pouvoir encore plus fort pour se faire des alliés ou bien dédoubler les effets inflationnistes dans les pays occidentaux.