La semaine dernière est apparue la première cotation de tourteau de soja pour livraison 2025. Elle représente donc le prix du tourteau dit « non déforesté » au sens du nouveau règlement européen 2023-1115. Un seul opérateur a pris l’initiative de lancer le marché avec un niveau de prime à +100 €/t par rapport aux prix pratiqués sur des destinations autres que l’UE. Cette initiative rend caduque toute l’argumentation des importateurs européens consistant à démontrer l’inapplicabilité du règlement, et elle vient renforcer la Commission Européenne dans son refus de retarder l’application du règlement programmé au 01 janvier 2025. Les importateurs vont maintenant être acculés vers le « business oblige » et chacun sortira probablement sa prime de marché pour commercer en conformité avec la nouvelle règlementation. L’aspect le plus cruel de la démarche réside dans la facture que seul l’éleveur devra payer. A l’heure où les responsables politiques se targuent de défendre la souveraineté alimentaire, nous avons là une démonstration parfaite de la manière dont ils (Politiques Européens et surtout Français) peuvent créer de nouvelles distorsions de concurrence avec le reste du monde. Il n’est pas exclu non plus qu’une distorsion de concurrence se développe sur ce sujet à l’intérieur de l’UE. Elle serait entre les pays qui ont voulu cette règlementation, afin de freiner l’importation de soja et favoriser les productions locales de protéagineux, et les pays qui ont une stratégie de compétitivité et qui commanderont à leurs douaniers d’être moins regardants.