Edito du 22 Janvier 2024

Les protestations des agriculteurs se généralisent en Europe, elles sont l’occasion de pointer du doigt le risque de perte de souveraineté alimentaire. Les responsables politiques le comprendront-ils ? On peut en douter lorsqu’on voit l’Allemagne favorable à l’accord de libre-échange avec le Mercosur. Le Brésil, l’Argentine, le Paraguay et l’Uruguay représentent la deuxième plus grande région du monde productrice et exportatrice de matières premières agricoles. Ces pays ont une stratégie assumée de développement à grande échelle industrielle pour les filières céréalières, oléagineuses et l’élevage. Leur ambition est de répondre à la croissance des besoins alimentaires dans le monde. Ainsi, le Brésil fait progresser ses exportations en 2023 de 10% sur la viande de porc, de 6.6% sur le poulet. Le Mercosur a tout ce qu’il faut pour suppléer aux conséquences de la politique de décroissance des productions en Europe. La France pourrait même en avoir besoin en 2024, puisque l’effondrement de son cheptel bovin l’obligera à importer entre 3% et 5% de sa consommation en viande rouge. Mais accepter l’entrée du Mercosur serait un acte d’accélération de la délocalisation de l’élevage.