Edito du 12 Mai 2025

Le futur règlement européen anti-déforestation (appelé EUDR), dont l’application a été reporté au premier janvier 2026, est autant contesté en Europe que dans les pays tiers exportateurs. La Commission Européenne a consenti une simplification en acceptant un seul certificat de diligence par fournisseur à l’année et non par lot. Mais c’est un fait anecdotique par rapport à l’énorme contrainte de traçabilité que représente la géolocalisation des parcelles. Celle-ci étant aussi exigée pour le tourteau de soja dont le processus de trituration est effectué dans d’énormes usines (1 Mt et plus à l’année), lieux de mélange de centaine de milliers de tonnes et de parcelles. Il faut ajouter les opérations de transport et de stockage pour le transit portuaire. Un navire Panamax entrant en Europe contient près de 70 000 tonnes de tourteau de soja, ce qui représente environ 90 000 tonnes de graine, soit l’équivalent de 26 000 ha. La complexité de mise en oeuvre du règlement et sa contestation appellent à d’autres modifications, voire son annulation pure et simple. Le sujet embarrasse la Commission Européenne. Elle pourrait se servir de la négociation tarifaire avec les USA pour trouver une porte de sortie. Elle a en effet proposé à Trump un accord de tarif à 0% contre l’engagement d’achats additionnels de gaz GNL et de soja à hauteur 50 milliards de dollar par an. Il lui suffirait ensuite de classer les USA comme pays à faible risque déforestant pour réduire les exigences de traçabilité. Le Brésil, grand perdant, serait alors en droit de réclamer des compensations, ce qui pour l’UE pourrait être l’opportunité de forcer le MERCOSUR aux derniers récalcitrants européens.