L’Europe commence t-elle à réaliser qu’elle s’est trop éloignée de la science ? La Commission Européenne (CE) vient de proposer un nouveau règlement pour enfin sortir de l’impasse des OGM en Europe. On ne parle plus d’OGM mais de NGT (Nouvelle Technologie Génomique). Il s’agit d’établir une différenciation très nette entre ce qui résulte d’un transfert de gènes inter-espèces et ce qui résulte d’un transfert de gènes intra-espèce. De manière simplifiée, les semences issues d’une manipulation génétique inter-espèces continueront d’être sous la coupe du règlement OGM de 2001. Très contraignant, ce règlement a entièrement délocalisé les laboratoires de recherche européens et interdit la cultures des variétés en question sur le territoire européen, rien ne changera à ce niveau. En revanche, les semences issues d’une manipulation génétique intra-espèces pourront sortir du cadre règlementaire OGM et elles seront traitées comme des semences conventionnelles. La CE reconnait que l’innovation scientifique a son rôle à jouer dans l’adaptation au changement climatique et dans la construction des modèles de développement durable. L’exposé des arguments est diamétralement opposé à ceux qui ont guidés les choix politiques au début des années 2000. Depuis ce temps, la concurrence a pris une génération d’avance. Les Américains continuent de faire progresser leurs rendements céréaliers et oléagineux. Les Chinois, les Argentins, les Brésiliens sont plus avancés que les Européens et, surtout, ils ont pris position sur les marchés à fort développement en Amérique du Sud, en Afrique et en Chine.